L’être humain est un animal social qui se construit par ses interactions avec ses congénères.
Ces interactions sont précieuses et constituent la base autour de laquelle se construit toute société. Leur intensité et leur fluidité l’enrichissent tandis que leur raréfaction et leur limitation l’appauvrissent.
Ce constat d’une grande évidence n’assure pourtant pas de la libre pratique de ces interactions.
Parmi elles, on conçoit tout ce qui permet aux individus de communiquer entre eux : verbalisation et langage corporel notamment.
D’expressions orales en histoires aventureuses, de danses rituelles en cérémonies religieuses, les interactions se sont complexifiées et, concurremment, se sont chargées de sens.
Et lorsqu’elles sont bridées par un quelconque pouvoir, ce ne sont pas les manifestations concrètes de ces expressions qui sont combattues mais le sens qu’elles portent.
On le constate d’ailleurs fort bien quand on isole le cadre légal qui borne la libre expression.
Actuellement, la liberté d’expression ne peut être limitée que par les dispositions applicables à
- - La diffamation publique
- - L’incitation publique à la haine et à la discrimination de genre, de religion ou de race
- - L’incitation publique à commettre des délits ou des crimes et si elle est suivie d'actes,
- - Des outrages publics aux bonnes mœurs confinant à la pédophilie et au respect des morts
- - L’incitation publique à la sécession nationale
Nulle part ne sont mentionnés les moyens utilisés pour formuler ces entorses à la loi.
Pourtant, les pouvoirs – en France et ailleurs –, incapables d’assumer leur intolérance et leur autoritarisme grandissant, s’attachent à stigmatiser, criminaliser les formes d’expression plutôt que de se référer aux intentions qui les motivent, à la seule fin d’échapper à l’accusation de répression politique.
Ainsi, on va interdire des manifestations, des prises de parole publiques, des regroupements, des distributions de tract, des surfaces d’affichage, des éditions de gazette, des émetteurs radio et des sites internet plutôt que d’attaquer le cœur même de ces expressions : leur sens, leurs intentions, leurs raisons.
A un pouvoir intolérant ne voulant pas assumer la répression politique, s’offrent deux options :
- - soit s’exercer à attribuer aux "dissidents" un des 5 motifs sus cités
- - soit jouer d’hypocrisie et déclarer hors règlement (et non pas hors-la-loi) les moyens d’expression – généralement sur la foi d’injonctions de trouble à l’ordre public ou de précautions relatives à la sécurité -.
Le procès politique est un exercice de triste mémoire bien trop identifiable et inaccessible pour un pouvoir qui se prétend démocratique et "défenseur" des libertés. Des procès représenteraient par leur seule évocation un aveu bien trop risqué s’ils étaient révélés comme tels aux yeux des citoyens jaloux de leur insouciance, citoyens qui continuent aveuglément, souvent par confort, à "faire confiance".
Fort de cette hypocrisie de plus en plus prégnante, le pouvoir, dans sa fuite en avant, s’est trouvé opportunément un dérivatif pour justifier de son soutien inconditionnel à la liberté d’expression : les médias.
En effet, une simple requête sur internet démontre que la notion de liberté d’expression citoyenne a quasiment disparu des réponses obtenues, au profit des médias. Dès lors que l’on parle de liberté d’expression, la réaction commune est de penser que l’on parle de presse ou d’audiovisuel.
On constate le même phénomène dès lors que l’on scrute les articles de loi.
La liberté d’expression n’est plus que médiatique comme si les médias étaient un domaine réservé et suffisant pour accueillir cette liberté essentielle.
La liberté d’expression du citoyen est désormais réduite au seul bulletin de vote, viatique dérisoire mais "vendu" comme un privilège inestimable. Aux médias de s’accaparer le reste, tout le reste.